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Entrepreneurs de France, unissez-vous !

Maxime Aiach, chef d’entreprise, est président de la Fédération du service au particulier.

A l’origine d’une entreprise, il y a le rêve d’un entrepreneur. On appelle entrepreneur celui qui, à partir d’une idée et à force d’opiniâtreté, crée une structure. L’enthousiasme aidant, les talents concourent, et l’édifice augmente. Tout cela est bien connu.

Et c’est cela qui rassemble les entrepreneurs, quels que soient la taille ou le secteur d’activité de l’entreprise : ils ont cette ardeur toute particulière, propre à transformer le grain en arbre, la friche en champ, et capable de fondre les destinées individuelles dans un projet partagé. A cet égard, tous se ressemblent. Chacun d’eux, sans relâche, répare les dommages que, sans cesse, leur lopin subit : une réglementation nouvelle emporte les talus, un nuage de taxes inopinément dévaste les cultures, une expropriation soudaine ampute une parcelle. L’entrepreneur, par nature, est un consolidateur, dans tous les sens du mot.

Tous ces traits de caractères semblables, toutes ces expériences communes sont les liens véritables qui unissent les entrepreneurs entre eux, et sont le ciment de leur confrérie. Car, au rebours de l’individualisme dont on les croit animés, la calamité qui frappe l’un d’entre eux, aussi infime soit-il, les touche tous. Tenez, par exemple, le secteur des services à la personne : voilà 11.000 entreprises œuvrant dans la garde d’enfants, l’assistance aux personnes dépendantes, l’entretien de la maison ou le soutien scolaire, qui, pour la plupart, n’ont pas plus de 5 ans d’âge, mais qui emploient 1,7 million de personnes.

Ce secteur est le blé en herbe de l’économie française, il est ces jeunes pousses qu’il faut jalousement protéger de toute atteinte, afin qu’elles portent le fruit qu’on espère d’elles à la saison prochaine, il est ces tendres plants que tout devrait condamner si ne se trouvaient un terreau fertile, un abri contre les intempéries, et une main sagace qui les repique au bon moment. La métaphore agricole n’est pas fortuite : les entreprises de jardinage à domicile viennent de se faire tondre par une décision européenne, applicable au 1er juillet prochain, leur supprimant le droit de bénéficier du taux réduit de la TVA. L’Europe, donc, les a fauchées ; la France, qui n’a même pas sourcillé, n’aura plus qu’à les apporter, liées en bottes, aux vaches voraces des Tribunaux de commerce et des agences de Pôle emploi, qui, elles, ne manquent pas d’aliment.

J’aurais pu, tout aussi bien, prendre pour exemple les services informatiques à domicile, à qui l’Europe a, semblablement, coupé l’alimentation. Déjà, la France, en supprimant le régime de cotisation forfaitaire, cet hiver, leur avait fait subir une rude atteinte, comme à l’ensemble du secteur. Ces coups renouvelés, n’en doutons pas, abattront cette activité.

L’ensemble du secteur des services à la personne s’était énergiquement mobilisé pour dénoncer les effets catastrophiques des récents changements réglementaires et des hausses de coûts considérables qu’elles induisaient. Les craintes étaient justifiées. En effet, nous disposons désormais des chiffres d’emploi dans le secteur des services à la personne pour le dernier trimestre 2012, c’est-à-dire les trois mois d’incertitude qui ont précédé l’adoption des changements réglementaires : rien que cette incertitude a fait baisser le secteur des services à la personne, pourtant structurellement croissant, de 3%.

N’en doutons pas : les chiffres du premier trimestre 2013 seront catastrophiques, et ils le seront d’autant plus que nul ne pourra distinguer dans ce décrochage ce qui tient à l’augmentation du travail au noir et ce qui relève d’un éventuel reflux du marché.

Donc le jardinage et l’informatique valent qu’on les défende, même s’ils sont petits, même s’ils pèsent peu dans l’ensemble du PIB de la France. Ils valent qu’on les défende parce que les coups qui les atteignent frappent, par ricochet, l’ensemble du secteur des services à la personne. Ils valent qu’on les défende parce que des milliers d’entrepreneurs, qui exploitent des champs économiques tout aussi étroits, peuvent, eux aussi, voir, par un impitoyable arrêt de Bruxelles ou de Bercy, leur puits tari et leur récolte broyée. Le voisin peut bien être soulagé que la grêle ne tombe pas chez lui ; qu’il ne s’en réjouisse pas, son tour viendra un jour.

En ces temps où l’on s’apprête à élire un Président pour le Mouvement des Entreprises de France (Medef), il est nécessaire de rappeler que les entreprises de France ont besoin d’un représentant qui les défendent toutes, mêmes les plus petites, surtout les plus jeunes, et qui, chef d’entreprise lui-même, sache trouver, dans le cœur même de ce qui rassemble en confrérie les entrepreneurs, dans le rêve de croissance qui les anime tous, la force de les fédérer. Il est intolérable que lorsque l’un d’entre nous est atteint, nous tous, entrepreneurs, soyons indifférents à sa détresse. S’il est un vœu que je formule aujourd’hui, c’est que le MEDEF, rénové, soit le lieu où cette solidarité entre entrepreneurs, entre pairs, est possible : le jardinier et l’informaticien ploient, que leurs comptables, leurs assureurs, leurs banquiers, et que tous les entrepreneurs les relèvent !

Source : http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20130426trib000761929/entrepreneurs-de-france-unissez-vous-.html